dimanche, février 11, 2018

 

Dix ans plus tard

Cher Papa,

aujourd'hui, ça va faire 10 ans que tu es mort. Tu m'excuseras de ne pas t'écrire plus souvent. C'est pas que je ne t'aime pas ou que je suis fâché. C'est juste que, même après 10 ans, quand je te parle, ça me fait pleurer. J'aime pas particulièrement ça pleurer. Y'en a qui vont me trouver moumoune, mais que veux-tu. Je vis mieux sans penser à toi, en roulant mes émotions en petites boules et en les enfonçant quelque part dans mon subconscient.

Le père de Sara est mort le mois dernier. Sara, c'est ma blonde. Tu ne l'as jamais rencontré (tu es mort, vois-tu). Ça a été des moments difficiles. Ça m'a beaucoup fait penser à toi. Mais pas trop! Sara avait besoin de tout mon soutien, je ne pouvais pas me permettre de déprimer. J'avais déjà la mort de son père à gérer émotionnellement. C'était un homme sympathique, Raymond. Gentil, généreux, plein de curiosité, avec toujours un fait obscur à ajouter à la conversation. Vous auriez-pu vous rencontrer à la fête de Victor.

Là Victor, ce n'est pas toi. C'est mon fils, que j'ai nommé en ton honneur. Tu ne l'as jamais rencontré (tu es mort, vois-tu). Il me dit souvent qu'il t'aimait beaucoup. Je ne le corrige pas pour lui expliquer qu'il n'a pas pu t'aimer, puisqu'il ne t'as jamais rencontré. Il a peur de la mort, notre petit bonhomme. "Je veux pas mourir, je veux toujours vivre", qu'il nous dit. On essaie de lui expliquer que tout le monde meurt. Éventuellement il retourne faire des blocs. C'est terrifiant la mort, quand on y pense. Alors on n'y pense pas. On fait des blocs, avec son fils, avec son père.

Il y a aussi Éléanore et Élora, mes deux puceronnes. Elles sont magnifiques. Tu ne les as jamais rencontré (tu es mort, vois-tu). Elles sont trop jeunes pour comprendre la mort, pour savoir pourquoi Papa et Maman pleurent. On leur dit qu'on est triste parce que Grand-Papa est mort. Elles nous font un câlin, on les sert fort. C'est simple, c'est rassurant. Un instant plus tard, ils veulent jouer à la cachette. C'est dur à comprendre, la mort. Alors on n'y pense pas. On joue à la cachette.

Comment t'es-tu senti lorsque tu m'as mis dans les bras de ton père, Polo? Ou lorsqu'il est mort, moins d'un an plus tard? Ou dix ans plus tard? Étais-tu en paix? Ou bien est-ce que tu te rongeais encore le coeur de ne pas avoir été capable de le ranimer? Moi j'avais parlé de prendre congé le jour de ta mort. J'aurais pu être à la maison et pelleter à ta place. T'aurais peut-être pas fait un infarctus. Moi, ça me ronge encore le coeur. C'est une émotion aussi inutile que douloureuse. Je le sais bien que c'est pas de ma faute, que ça serait probablement juste arriver à un autre moment. Mais mon subconscient n'est pas aussi rationnel que moi. Peut-être que c'est ce que tu me dirais aussi. Mais tu ne peux pas. Tu es mort, vois-tu?

Ça sonne bien déprimant tout ça, mais il ne faut pas s'y arrêter. La vie m'a fait quatre cadeaux depuis ton départ, et je ne pense pas jamais avoir été aussi heureux. Si tu n'étais pas mort, je n'aurais jamais rencontré Sara, Victor, Éléanore ou Élora. Je me sens cheap de dire ça. "J'ai jamais été aussi heureux que depuis que tu es mort!" Faut pas le prendre comme ça, mais qui sait comment tu réagirais à mes choix de mots douteux. Je ne m'offusquerai pas à ta place. Si tu voulais être insulté, t'avais juste à pas mourir.

À élever mes propres enfants, je réalise à quel point on déteint sur eux. On les forme, on les sculpte à force de notre amour, de nos qualités et de nos défauts. En quoi est-ce que je te ressemble? Mes souvenirs sont flous. C'est dur de voir clair à travers les larmes. Est-ce que j'ai hérité de tes qualités? De ton intégrité, de ton don de soi, de ton humour, de ton amour?

Tout ce mur de texte, tout ça pour dire... Je t'aime Papa. Je m'ennuie de toi. J'aimerais te serrer dans mes bras. Mais je ne peux plus.

Tu es mort, vois-tu?

mercredi, février 07, 2018

 

Hidden feelings

Hidden feelings
dancing life's masquerade;
Love pretending
the sun shines brightest in the shade;

Silent thoughts
whispering ardent desires;
Far-fetched plots
that one day we'll be together;

Hopes and dreams left unspoken
for fear a sigh will topple them;
That we will lie, broken,
Under the weight of shattered gems.

The truth would set us free, one way or another,
If we only stopped our self-delusions:
But there is no better liar
Than those fearing rejection.

samedi, janvier 27, 2018

 

Long was the road

Long was the road from there to here,
Its winding twists and precipitous cliffs;
But one step at a time, we persevered,
Shrugging off hardships and accepting life's gifts
'Til our feet put us here.

Did we do good, could we have been better?
Have we honored our fathers, made proud our mothers?
Questions unanswered, doubts that forever linger,
On what could have been, but shan't ever;
On what would have been, had we been stronger.

Long was the road from then to now,
Its draining days, its restless nights;
But one breath at a time, we made it somehow:
Overcoming hurdles, stumbling without light,
'Til our hearts brought us here.

Have we done our parts, do we deserve our blessings?
Have we failed our lovers, brought our sons and daughters to ruins?
"No", they say, but the doubts linger:
What could have been, had we been wiser?
What would have been, had we been braver?

Long is the road that stretches before us,
From nom 'til fate do us part:
We will fail each other, we will fail us,
As we stumble over our own hearts;

But each breath shared with you will make it worthwhile,
Each step taken with you will carry me a hundred miles;
We might not outrun death, we might not escape regret:
But I will love you all the same, and hope you will love me yet.

jeudi, juin 01, 2017

 

Just to hear you say

A night bereft of your presence,
Bereft of dreams, life or essence;
Mornings made bleak by your absence,
Grey dawns no gods shall be blessing;

Do you dream of me when I am gone,
Just as thoughts of you fill my every seconds?
Are your meals bland, are your skies grey,
Just as mine are when you're away?

Out of sight, but never out of mind,
Threads pulled apart, but never untwined;
You are my blood, and without you my veins
Are empty husks drinking from an empty heart;

Do you talk to me when no one else is around,
And shiver as you imagine my touch?
Does your entire being shake, does your heart pound,
At the thought of making me blush?

So many words, just to say
"I love you",
So many words, just because I want to hear
"I love you too."

 

But a day

Numb body and heavy eyelids,
Sleep beckons, but I resist still,
All for the pleasure of your company,
Of words shared and laughter aplenty.

Was it but a day since we spoke last?
But a day! It should fly past
Yet it drags on and on and on and on,
And until we meet, it'll never be done.

I shall stand firm 'till I collapse,
And hope my head will fall into your lap,
There to find the sweet rest
Of your finger's carress.

 

Not a harlot, verily

The lady:
"Oh, beloved, what exquisite flowers
Thou dost bringst me on this hour!
Such fragrence, such bouquet,
Dost make a lady's heart sway!"

"Oh, proud knight, thou dost earn my favor,
That thou mighst wear as thou fighest with honor,
And when thou shalt return, we shalt dine
On feasts elegant and refined"

The knight:
"Elegant and refined
Are naught what I had in mind,
For Sire Percival assured me most verily,
That thou givest theeself most freely.
I wishest not to name thee harlot,
But really, all I sought was a quick fuck."

The lady:
"Oh, sire knight, thou woundst me!
I am heartbroken, verily!
The pain, the shame, like a biting snake
Makes my chest flutter and ache!
Quick, come hither,
And kiss my bosom better."

vendredi, septembre 11, 2015

 

Un seul grand-père



Je n’ai eu qu’un seul grand-père. Le père de mon père, feu Léopold, nous as quitté alors que je ne tenais pas encore debout. C’était, on m’a dit, un homme travaillant au rire facile avec le cœur dans la main. Ou était-ce un homme déterminé au cœur généreux ? C’est ce qu’on m’a dit, et c’est tout ce que j’ai pour vous en parler aujourd’hui. Parce qu’au fond, je ne l’ai pas connu, Polo. Comme je vous l’ai dit, je n’ai eu qu’un grand-père. Mais avec un grand-père comme Normand Nadeau, je n’avais pas besoin d’en avoir deux.

Mon grand-père était un homme doux et profondément bon. Bonasse, diront certains, incapable de mettre le pied à terre si ça impliquait de piler sur les orteils de quelqu’un qu’il aimait. Immensément travaillant aussi. Des semaines de six jours de douze heures, est-ce que vous en faites souvent ? Patient. Rieur. Dévoué à sa famille, surtout à ses enfants, par delà toute raison. Aimant.

Je me rappelle m’être baigné avec lui au chalet quand j’étais tout petit, et qu’il chantait « Ah ce qu’on est bien quand on est dans son bain ». Je me rappelle que c’était toujours le dernier à monter du magasin pour venir dîner, et qu’il faisait une sieste avant de redescendre. Je me rappelle qu’il m’a fait un « lift » pour aller acheter mon premier ordinateur, une vieille boîte beige poussiéreuse que j’ai longtemps regretté. Je me rappelle qu’il était avec nous quand, à l’hôpital, ils nous ont permis de voir une dernière fois la dépouille de mon père. Je me rappelle d’il y a quatre mois, quand il a pris mon fils et qu’il l’a levé de terre. J’étais impressionné ! Il se remettait d’une grosse grippe, il était supposément encore faible, et il était là et il levait mon fils dans ses bras !

Deux mois plus tard, il fait un AVC. Je suis sûr que je vais perdre mon grand-père, je suis triste. Mais miraculeusement, il remonte la côte. Et puis deux mois plus tard, il meurt parce qu’il fait de la dysphagie et que son œsophage ne veut pas s’ouvrir. C’est une façon pas mal cave de mourir tant qu’à moi, d’avoir l’œsophage qui ne veut plus s’ouvrir. C’est genre sa seule fonction. C’est anti-climatique. 




Mon grand-père était l’archétype du bon grand-père. Travaillant, dévoué, aimant, rieur. Il t’a pris dans ses bras un peu avant de mourir ! C’est ça que je vais raconter à mon fils. Il va bien falloir si il veut savoir qui s’était: mon grand-père est mort alors qu’il tenait à peine debout.

lundi, avril 06, 2015

 

Campagne D&D 2015 - Épisode 5

Lors de l'épisode précédent:

ÉKOR, délaissant la poursuite de l'infâme DJ GLASS-STAFF, tente de sauver une demoiselle en détresse d'un ogre et se fait promptement assommer. PÉGASUS arrive sur les lieux, et trouve le paladin en proie à des spasmes. L'ogre ayant disparût, la paire en conclut qu'il devait s'agir d'un puissant magicien. La poursuite reprend de plus belle, et grâce aux talents de traqueur de Pégasus, le magicien aux goûts musicaux douteux est rapidement mis à l'arrêt.

De retour au repère des collants-rouges, les sous-groupes sont réunis. Sous la menace, Glass-Staff révèle qu'il travaille pour NEZZNARR, un puissant drow qui recherche les MINES PERDUES DE PHANDELVER.Le maléfique elfe noir a toutefois rencontré un pépin: les gobelins avec qui il devait travailler l'ont trahi, et retiennent GONTRAN et sa CARTE en otage. Glass-Staff et ses collants rouges ont jusqu'à maintenant été incapables de les récupérer.

Après un peu de repos, nos héros se résolvent à traquer les gobelins des environs afin de déterminer l'emplacement du CHÂTEAU DES KRARMAGHS. Décidant de passer la nuit à l'orée de la FORÊT DE NEVERWINTER, le groupe est victime d'une attaque nocturne par ceux-là même dont il suivait la trace. Bien peu impressionné par une demi-douzaine de gobelins et leurs loups, la bande a tôt fait d'en capturer un et de tuer le reste. Le gobelin capturé promet de les mener au château.

Et maintenant:


L'aube se lève. Là où le couvert d'arbres est moins dense, des ruines se profilent à l'horizon. Sept tours en décrépitudes s'élèvent au milieu de la forêt, relique d'un royaume oublié maintenant englouti dans un océan d'arbres. Même à plusieurs centaines de mètres, l'odeur nauséabonde des gobelins flotte sur la brise...


jeudi, avril 02, 2015

 

Cher Autrui



Cher Autrui,

je sais, ça fait un bout que je ne t’ai pas écrit. Ou téléphoné. Ou même envoyé la main en traversant la rue. Mais tu sais, entre Facebook, les séries éliminatoires qui s’en viennent et mon nombril, on ne sait plus où le temps s’en va ! En tous cas, je m’en excuse. Mais bon ! Je ne t’écris pas pour m’excuser. Ni pour te parler de l’austérité, du projet de loi 10, du projet de loi 20 ou même du règlement 19.2 : d’autres gens plus intelligents, plus articulés mais surtout mieux renseignés l’ont déjà fait. Mon opinion, toute aussi brillante, spéciale et unique qu’elle est, ne serait qu’autant de bruit de fond additionnel se déversant dans un espace public qui se noie déjà dans le tintamarre des points de vue de tous et chacun.

Non,  je t’écris pour te parler de respect. Parce que j’ai vu la façon dont tu as traité mon bon ami Gabriel Marcoux-Chabot, autrefois connu sous le nom de Banane Rebelle, et j’avoue que ça m’a choqué. Tu ne le sais peut-être pas, mais Gabriel est un être doux, agréable, drôle, particulièrement intelligent et surprenamment velu. Il travaille fort, c’est un père de famille  affectueux et il gagne à être connu. En gros, je dirais même que c’est un bon être humain. Ce que l’on oublie facilement lorsque l’on constate la façon dont tu as varlopé sur lui depuis qu’il a publié sa lettre. Prenons juste quelques extraits :

Un complexé en manque d'attention ,cela fait un peu pitié et cette créature s'est reproduit ,argggggg
- edouard delorme

ta rien dautre a faire que de te promené déguisé en banane le cave
-Charley Monk

c est un  adulte attarder rester ado..et le pire il a des enfants ...c a se peut tu..
- jef jones

Pourquoi est-ce que la D.P.J. n'est pas encore intervenue dans une situation semblable.  Le développement de ces enfants est en jeu.
- Hued Emwi

J’ai envie de lui dire Get a life, ça presse. Si j’étais un des enfants, savoir que mon père est une banane, je serais déçu un peu.
-Régis Labeaume

Bon, Gabriel est clairement un anarcho-fasciste au service de la gau-gauche, j’en conviens.  J’ai même ouï-dire qu’il aurait osé voter aux dernières élections, et pas du bon bord à part de ça. Mais est-ce là une raison de l’insulter ? De le traiter de cave ? De faire un anévrisme ? Parce que je te le rappelle, et c’est le point critique ici, c’est aussi un être humain. Tout comme la plupart des manifestants, des auditeurs des « radios poubelles », et, oui, même comme Edouard Delorme, Charley Monk, Jef Jones et Hued Emwi. Essentiellement, il a écrit une lettre et marché dans la rue en contrevenant à un règlement municipal. Tu sais, c’est aussi contrevenir à un règlement municipal que de traverser la rue si tu n’es pas à une traverse piétonne. Je t’ai déjà vu le faire. Je ne demande pas à la DPJ de t’enlever tes enfants pour autant.

Se rappeler que l’Autre est un être humain, essayer de se mettre à sa place, ça s’appelle de l’empathie. Et moi j’ai cette triste impression que ça manque cruellement à notre dialogue collectif, de l’empathie. Parce que l’empathie, c’est la pierre angulaire du dialogue : les gens antipathiques ne dialoguent pas, ils se crient des bêtises.

Mais bon, je panique probablement pour rien.  Il ne faudrait pas que je laisse quelques obscurs individus enfouis profondément dans la section commentaire du site web du Journal de Québec teinter mon opinion du genre humain. C’est pas comme si c’était le maire de la capitale nationale qui disait ce genre de bêtises!

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